Quelques statuts du corps dans la psychanalyse jungienne

statuts du corps dans la psychanalyse jungienne

C’est de l’hystérie que naquit la psychanalyse. Posant la question de « ce qui est du corps et de ce qui est du psychisme », soulignant le risque d’érotisation dans le transfert et cantonnant le corps « aux limites du discours ». La prépondérance allait vers l’établissement d’un lien entre la part instinctive de l’inconscient et le savoir médical sur les processus biologiques. Jung, pour sa part, pensait qu’il fallait faire une recherche sur le psychisme lui-même avant de considérer ses effets somatiques.

Pour Jung, le corps est au cœur de la question du rapport entre la conscience et l’inconscient. Il envisage la relation entre « âme et corps », leur « conjonction », en s’appuyant sur une thèse méthodologique, un présupposé théorique, attribuant au corps une réalité indépendante. De plus, il « élargit » le concept de libido, et développe celui d’énergétique psychique, poussant son interrogation jusqu’à la notion de « corps subtil », cette « partie de l’inconscient dont le fonctionnement ressemble de plus en plus à celui du corps ».

Jung part du présupposé de l’autonomie de l’âme

« Bien que l’âme et le corps constituent sous de nombreux aspects une unité, ils apparaissent en réalité des choses si diverses que nous sommes contraints d’attribuer à l’âme comme au corps une nature particulière. Tant que nous n’aurons pas connaissance de cette unité nous ne pourrons les étudier que séparément, en commençant à les considérer, au moins en ce qui concerne leur structure, comme réciproquement indépendants ».

« La psyché et le corps sont un couple d’opposés et comme tels sont l’expression d’un être dont la nature n’est connaissable ni grâce à l’apparence matérielle ni grâce à la perception intérieure immédiate ».

Jung a étayé sa pensée et son œuvre, sur son observation de clinicien, sur une vaste culture personnelle, mais aussi — et peut-être surtout — sur sa propre expérience, et en particulier sur ses « éprouvés ».

En lisant ou relisant quelques textes de Jung, et d’analystes jungiens, nous tenterons de reconnaître et de saisir la « spécificité » théorique et clinique, du point de vue du corps, dans la psychanalyse jungienne. En particulier, la contribution du corps à la vie symbolique, le corps comme lieu d’ancrage de l’image, elle-même passage entre les instincts et le psychique, le corps incarnation du soi, le corps et son savoir en analyse, le corps et la dialectique psyché /soma, etc... .